Historique du moulin

Le moulin du Boël, plus de trois siècles d’histoire…


 
C’est en 1652 que le seigneur de Laillé, Messire Claude François Auguste de Marboeuf, conseiller du roi Louis XIV, reçut l’autorisation d’établir un moulin sur « la chaussée du Boël, en sorte que la navigation et la rivière Vilaigne n’en soit incommodée, et que l’écluse et le bord n’en reçoivent aucun dommage… » (à cette époque, en effet, l’écluse se trouvait entre la berge et le moulin, auquel on accédait par un pont tournant).


Tableau d'après Dudoret, 1935

La Communauté de Rennes était alors concessionnaire de la navigation sur la Vilaine. Elle pouvait permettre à un seigneur une telle construction sur ses propriétés, et une telle utilisation de la rivière. Cela équivalait à lui accorder une source de revenus importante.

Le moulin et la « pescherie » étaient loués à un meunier pour une durée de six ans. Le bail commençait le 29 septembre, jour de la Saint Michel. Le meunier était tenu de fournir en poissons la table du seigneur, dont « un millier d’anguilles fraîches chaque année… ».

Tous les sujets de la Seigneurie avaient l’obligation de venir faire moudre leurs grains au Boël. Le moulin avait deux roues à aube (une sur chaque face) et servait principalement à moudre le forment et le seigle. En échange de cette utilisation forcée, ils devaient pourtant s’acquitter d’un impôt, appelé « les banalités »*.


 

Guillaume de Marboeuf, fils de Claude, succède à son père en 1678. Puis, à son décès en 1712, c’est à son premier fils que va revenir le moulin. Celui-ci le louera pour un bail de 6 ans en 1729, au meunier Pierre Greffier. En échange de l’entretien du moulin celui-ci bénéficiera des revenus générés par la pêcherie attenante et, bien sûr, du droit de mouture.

Quand le dernier fils Marboeuf décéda sans héritier direct, le moulin revint à un cousin qui, malheureusement, ne s’intéressera pas à la Seigneurie de Laillié et l’abandonnera.

 En 1742, la Seigneurie de Laillé, avec son moulin, fut rachetée par Louis de la Bourdonnaye, Seigneur de Montluc.

De 1756 à 1789 le moulin et la pêcherie seront à nouveau loués à des meuniers successifs qui devront s’acquitter des nombreuses servitudes y afférant, notamment fournir une grande quantité de poissons au Seigneur, alors qu’eux-mêmes ne pourront en profiter.

 


Charles de la Bouronnaye, Marquis de Montluc, sera en 1790 le dernier Seigneur de Laillé. En effet, c’est la Révolution, et ses biens, confisqués, seront revendus les 8 et 12 Thermidor de l’an IV.
Mais, exception fut faite pour le moulin du Boël parce qu’il était affermé par bail. Il fut donc mis sous séquestre et administré par l’État à son profit, pendant toute cette période.

En 1801, suite à l’amnistie accordée aux émigrés par Napoléon Bonaparte, et donc au retour des biens confisqués sous la Révolution à leurs propriétaires, le moulin fut rendu à la famille Bourdonnaye qui en conserva la propriété jusqu’en 1886.
À cette date, Emile Recipion, député d’Iles et Vilaine, racheta alors le moulin au dernier descendant Bourdonnaye, qui se trouvait ruiné.

On continua à venir faire moudre au Boël jusqu’à la guerre de 1914 ; puis le moulin tourna encore irrégulièrement jusqu’en 1936. C’est à cette époque que la grande roue à aube fut démontée, avant d’être embarquée à bord d’une péniche à destination d'un moulin de Cesson.
Désormais inutilisé, le moulin sombra dans l’abandon. Durant l’hiver 1962, une violente tempête arrachait les derniers vestiges de la toiture.


En 1964, devant les dangers présentés par ces murs croulants, les services des Ponts et Chaussées en décidaient l’arasement complet… Et ce malgré le classement du moulin à l’Inventaire des Monuments historiques.

C’est alors que fut créée l’Association des Amis du Boël et que, sous l’impulsion d’un jeune Bruzois passionné de patrimoine, le moulin connut une seconde vie…

Pour connaitre l’histoire de la restauration du Moulin du Boël, rendez-vous sur la page Restauration.

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* Les banalités étaient des installations techniques mises à disposition des habitants d’une seigneurie, et dont le seigneur devait assurer l’entretien. Il y avait, par exemple, un four banal, un moulin banal un pressoir banal, sur chaque seigneurie.
En échange de cette mise à disposition, les habitants des terres du seigneur ne pouvaient utiliser que ces installations et elles étaient bien sûr payantes… sous forme d’impôts appelés « les banalités ».
Le seigneur s’assurant ainsi un monopole technologique.



 

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